Le regard de François sur l'homme et la création: Aimer l'autre

Deux mains qui ne donnent et ne prennent rien

« Il est impossible que saint François ait donné à la pauvreté une telle place, une place unique, qui est celle même de Dieu, sans que la pauvreté ait été pour lui, Dieu même… Le vrai Dieu révélé en Jésus Christ est un Dieu qui a tout perdu éternellement, c’est pourquoi Il ne peut rien perdre. Il a tout donné éternellement et ne saurait donner davantage parce que le don le constitue lui-même. » (Maurice Zundel)

Cette parole du théologien neuchâtelois illustre pleinement le thème de ce numéro : « Aimer sans retour ». Malgré le constat quotidien de notre incapacité à aimer sans attendre quelconque gratitude ou reconnaissance, croyons fermement que Dieu désire ardemment que nous participions et goûtions à sa vie divine car Il nous a créés dans sa libéralité de manière à ce que nous puissions être et agir divinement. 

 

René Girard, anthropologue et philosophe, dans la plupart de ses essais, tente de mettre en lumière un des aspects de la pauvreté divine : Jésus est mort parce que son message, sa vie déstabilisent les détenteurs de tout pouvoir, la foule préférant se doter d’un bouc émissaire pour régler violences et chaos.

Dans sa lettre à un ministre, saint François nous révèle sa plongée dans l’être même de Dieu, Miséricorde en son mystère. Le pardon, manifestation plénière de celle-ci, nous « convoque à l’impardonnable », comme le souligne fr. Marcel. François nous réveille de nos léthargies plaintives et doloristes et nous fait découvrir le visage de l’amour vrai : aimer l’autre, c’est le vouloir tel qu’il est, ni plus ni moins. Le Seigneur me l’a donné comme frère. C’est l’unique projet de nos fraternités. 

Cette année 2016, année du 30e anniversaire de la Rencontre d’Assise pour la Paix, nous donne l’occasion de répondre à l’appel du pape François qui nous rappelle que c’est la mission commune des chrétiens, des musulmans et des juifs d’être témoins de ce Dieu miséricordieux. Mgr Roduit était de cette race d’hommes. Sa présence à nos côtés était précieuse.

L’Equipe Message tient à rendre hommage à notre sœur Momo, collaboratrice des tous premiers jours. « Humiliée du souffle », elle peut, aujourd’hui, respirer à pleins poumons l’air de l’Amour pour l’éternité.

Brigitte