Le 10ème anniversaire du Trimestre Franciscain : un événement.

Sœur Madeleine Kayser, franciscaine missionnaire de Marie, alors provinciale, rêve en 1994 d’offrir tout d’abord à ses sœurs dispersées sur les cinq continents, ainsi qu’à toute la famille franciscaine, un parcours de formation. Elle pressent l’urgence de transmettre le charisme lié au poverello, dans ses multiples développements. Ainsi, en cette fin du XXème siècle, marqué par un désenchantement, un scepticisme généralisé touchant par voie de conséquence la famille franciscaine, une femme crée un événement au cœur de cette dernière : la création du Trimestre franciscain.

Oui, il faut bien parler d’événement, car pour la première fois, dans le monde francophone, des hommes, des femmes de toutes les branches, de toutes les cultures, vont vivre ensemble pendant trois mois. Il ne serait pas sensé de vouloir transmettre l’originalité de la démarche franciscaine sans revisiter, repenser ses fondements, dégager quelques pistes nouvelles pour son avènement en ce monde tel qu’il est aujourd’hui. Sa vitalité, sa prégnance chez nos contemporains sont à ce prix. Elles sont tributaires de notre dynamisme intérieur, de notre enthousiasme à commencer du neuf s’enracinant dans une mémoire.

Alors, ne nous étonnons pas que les organisateurs du Trimestre ont voulu fêter le dixième anniversaire de celui-ci en mettant sur pied un week-end portant sur la tradition franciscaine, ses fondements, sa transmission au fil des siècles et son actualisation dans le monde d’aujourd’hui. Quatre chantres de la spiritualité franciscaine sont venus généreusement apporter leur contribution à ce vaste chantier.
 
Avec frère Bernard Forthomme, ofm, un souffle est passé sur Saint-Maurice. Il nous a invités à rencontrer Dame Tradition. Il a dégagé le concept de tradition dans notre culture occidentale : la
tradition comme rupture de tradition, ayant comme corollaire la naissance d’une science, l’histoire. La nouveauté chrétienne a saisi François, devenu homme nouveau en ce XIIIème siècle par son intuition
du « frère » réconciliant toutes les créatures.

L’historien laïc Marco Bartoli, spécialiste de sainte Claire, nous a montré comment, au cœur du XIIIème siècle, marqué par la culture de l’ennemi, Claire véhicule la double rencontre de François, à savoir celle avec le crucifix de Saint Damien après celle des lépreux. Frère Thaddée Matura, ofm, développe comment les frères mineurs interrogent l’intuition originale de François à partir des deux points majeurs de référence : la Règle et l’image de François. Il précise comment ses héritiers les interprètent pratiquement et les libèrent au fil du temps d’une casuistique juridique en ce qui concerne la Règle, et d’un anecdotisme quant à son image pouvant voiler le souffle évangélique de François.

Frère André Ménard, ofm cap, nous invite à nous réapproprier sans cesse l’intuition franciscaine, à inscrire celle-ci dans nos lieux institutionnels. Ceci n’est possible que si nous consentons à notre liberté permettant le choix pour tout un chacun d’assimiler le passé pour mieux innover et révéler l’espérance franciscaine fondée sur une confiance en l’homme appelé à la liberté, le don de se recevoir de Dieu. Nous écrivons notre tradition lorsque nous sommes menacés de la perdre. Aujourd’hui, redécouvrons la culture du frère, la culture de la joie, la culture de la miséricorde dans un monde privé si souvent de ces trois assises.

Brigitte