Edito - La soif de l’autre

Sur les ondes, dans les journaux, nous entendons et lisons régulièrement l’invitation permanente à nous réjouir de la diversité culturelle. Le MuCEM  (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), réalisé à l’occasion du choix de Marseille comme capitale culturelle 2013, en témoigne.

Même si certains nous font l’éloge du « on est bien chez soi » et sont des chantres du renforcement identitaire, de l’exclusion de l’étranger donc du migrant, le discours ambiant tend à cultiver les vertus du droit à la différence. Mais,  voilà ! Ne nous résignons pas, ne subissons pas celui-ci comme une chape de plomb qui s’abattrait sur nous et ferait taire nos colères, nos peurs. Consentir à cette altérité et non seulement y consentir mais la désirer suppose une conversion.

Cette soif de l’autre constitue la moelle de l’amour, de l’amitié, du dialogue, de la fraternité. Nous oscillons sans cesse entre deux désirs : celui d’être attiré, aimanté par l’aventure, l’inconnu, le mystère, l’étrange et celui tout aussi fort du connu, du familier, du semblable… Pour qu’il y ait connivence entre des personnes, des peuples, des nations, il est nécessaire que soient conjugués la présence d’un terrain, d’un projet communs, le sentiment d’une même appartenance et la dimension irréversible, bonifiante de la singularité, de la divergence.

Dans ce Message, vous trouverez des articles qui louent la pluralité des langues, d’autres qui vont exalter les bienfaits d’une même langue simple, à la portée de tous : l’espéranto. Comme le souligne sœur Laetitia-Catherine avec humour, dans l’épisode de la Tour de Babel, Dieu aime « la pagaille », le grain de sable qui nous oblige à sortir d’un certain conformisme, d’un parallélisme d’idées et de pratiques qui peuvent
coexister sans jamais nous bousculer, nous frotter les uns aux autres. Dieu nous pousse à faire éclater tous nos cocons.

Ilia Delio, dans son livre, « La prière franciscaine » écrit : « De même que Dieu avait tendu les bras pour embrasser François dans l’amour compatissant de la croix, c’est le même Dieu qui était maintenant présent dans le visage défiguré du lépreux. L’altérité de l’amour de Dieu révélé dans le Christ créa un espace en François pour que puisse y entrer l’altérité du lépreux. »

Brigitte